Juin 2021

 

Voilà bien longtemps que nous n'avions pas donné de nos nouvelles...en effet, la crise COVID qui a frappé le monde entier nous a obligés à ne pas pouvoir organiser de missions humanitaires en 2020. L'avenir de 2021 est également bien incertain, et nous ne savons pas encore si nous pourrons retourner à Ambila Lemaitso pour retrouver nos chers habitants du village et des environs et soigner tous ceux qui se présenteront au dispensaire. Le dispensaire a retrouvé une seconde jeunesse, avec la réfection complète de la toiture, la rénovation des portes et volets, ainsi que de tout ce qui a subi les outrages du temps et de la météo. L'activité a continué grâce à la présence de notre infirmière dévouée, et à l'envoi de médicaments essentiels. Il ne nous reste qu'à souhaiter de pouvoir de nouveau r

etrouver ce petit paradis sur terre, et continuer notre modeste participation au bien être des ambiliens.

 

A très bientôt !!!!

 

Dr Pierre Fournier 

 

Mission avril mai 2018

Ce fut une mission riche en changement.

 

Le plus important a surement été la création de l’association Manampisoa. C’est une association malgache présidée par Christian dont le nom  signifie « aider dans la bienveillance » et qui devient notre partenaire. C’est elle qui prend officiellement en charge la gestion du dispensaire. Cette nouvelle organisation nous a permis de débloquer certains dossiers administratifs et de signer des contrats de travail avec un médecin et une infirmière malgache. Le Dr Sylvain et Vanessa viennent maintenant 2 fois par semaines au dispensaire d’Ambila. Cela permet un vrai suivi des patients du dispensaire sur le long terme et change complètement la dimension de notre action. Ça représente également un coût important pour Sahambala qu’il va falloir financer.

 

La création de cette association a aussi permis de valoriser le travail de personnes qui étaient à nos côtés depuis des années. Cette reconnaissance a largement renforcé leur implication et a créé une nouvelle dynamique au dispensaire.

 

Une autre nouveauté importante a été le travail commun d’Emilie enseignante française et d’Angela enseignante du village autour d’ateliers d’éducation à l’hygiène et à la nutrition au dispensaire et à l’école grâce à l’outil Nutricartes®. Ce travail en santé préventive est sans doute à développer à l’avenir.

 

Il y a eu aussi l’activité habituelle mais très importante de consultations et de soins au dispensaire. Notre travail est bien connu de la population du secteur qui continue à venir nombreuse. Les accouchements au dispensaire sont maintenant réguliers. J’en profite pour saluer cette équipe qui comprenait beaucoup de nouveaux venus pour son travail et son professionnalisme.

 

Dr Nicolas Chartier

Compte à rebours lancé... Tic tac tic tac.. Juin 2017

J-4

Mission non prévue, décidée avec cette passion poussant à décupler nos forces pour trouver des médecins sans lesquels nous ne pourrions faire ce que nous faisons...

Et c'est cet élan du coeur jaillissant qui a permis à cette mission de voir le jour. 

C'est avec beaucoup de confiance que je pars pour ma quatrième mission (bon... aller... un peu de stress, d'accord).

L'équipe sera composée de 6 personnes : la moitié viendra de l'Ile de la Réunion (deux médecins et un kiné), et l'autre arrivera de la Dordogne (un médecin et deux infirmières) ! Un dentiste malgache nous rejoindra pour une journée également.

 

L'envie de voler vers l'Ile Rouge devient de plus en plus pressante : vivement !!

Derniers détails à fignoler, quelques changements à faire dans les valises : ce qui permet de donner une toute autre ambiance dans le salon... Quel bazar ! Mais il faut avouer que l'on s'y sent bien... Ca sent le départ !

Les interprètes, les chauffeurs sont prêts et la radio locale a fait l'annonce de notre venue.  

Je sens déjà le vent du large, j'entends déjà les patients attendre les consultations, et chacun prenant sa place comme dans une ruche... Les rires des enfants... Parce que oui, il faut avouer... C'est bon d'avoir la chance de les retrouver et de les voir grandir chaque année. 

Mandrapihaona 

 

Anne Audebrand, Infirmière Libérale

La mission de janvier/fevrier 2017 est pleine de surprises!

 

Tout d'abord, nous avons commencé avec la naissance d'un petit malgache dans le dispensaire. L'une de nos traductrice, Philippine, est accoucheuse et nous avons avec nous une pédiatre Laurence, qui vient avec des propositions et du matiériel pour faciliter les premiers soins aux nouveaux nés. Elles oeuvrent ensemble pour la naissance de ce tout petit! Que d'émotions, à peine installés!

 

Les jours suivants, deux patientes à recoudre nous attendent au matin : l'une avec une plaie de jambe de 20 cm de long, l'autre à cause d'une plaie du cuir chevelu de 7cm. C'est l'occasion de suturer. Nous apprenons ensuite comment retirer les points à Lysiane, l'agent communautaire qui assure la permanence de délivrance des traitements chroniques et des pansements en notre absence.

 

Nous avons avec nous Jehan, un dentiste français tenté par l'aventure. Il vient avec tout le matériel necessaire pour travailler dans de bonnes conditions. Ses interventions sont très appréciées et les patients viennent profiter des anesthésiants lors des soins. Certains voudraient même arracher des dents saines, en préventif!

 

Les consultations sont nombreuses, les journées sont bien remplies et l'électricité le soir est bienvenue. Romain notre chef d'équipe avait choisi de partir à cette période sur la demande du Dr Lydie, médecin à l'hôpital de Brickaville, car pendant la saison des cyclones il y a beaucoup de palu et de fièvres typhoides. En effet, notre présence est appréciée. Le Dr Lydie vient nous rencontrer, avec une représentante du médecin inspecteur du disctrict et le chirurgien de l'hôpital. Le repas est très convivial puis nous en profitons pour échanger sur les patients qui nous posent problème (un jeune homme avec une sub-occlusion digestive, un homme agé avec une ascite). Puis nous remettons au chirurgien un bistouri éléctrique, qui lui facilitera la tache pour ses interventions.

 

Les pathologies sont plus sévères et atypiques que dans ma mission précédente. Elles nous encouragent à pratiquer régulièrement des staffs entre médecins pour diagnostiquer épilepsie, lupus diffus impétiginisé, tumeur cérébrale probable chez un jeunde de 17 ans, démence vasculaire, paludisme viscéral évolutif à 15 ans, crise de paludisme aigu chez un nourisson... Lors de cette mission, des patients viennent de loin, certains font deux jours de marche pour venir consulter avec leur enfant. Notre pédiatre voit d'avantage de problèmes de dénutrition, d'hygiène, et parfois de sévères troubles du développement. Elle fait beaucoup d'éducation thérapeutique, d'explications sur l'allaitement et la nutrition. Le passage à l'école, pour remettre des crayons et quelques jouets aux enfants, est aussi l'occasion pour notre dentiste de rappeler l'importance de se laver les dents.

 

L'équipe de la pharmacie assure : en plus de la disctribution de médicaments, elle gère les tests de dépistage (paludisme, anémie, tuberculose, diabète...) et les soins (pansements, lavage d'oreille, perfusion...). Lysiane est suppervisée par l'infirmière pour les plaies et notre nouveau traducteur Ismael aide à l'installation des patients lors des soins. De plus, la distribution des lunettes a toujours autant de succès.

 

Un médecin malgache, le Dr Sylvain, va assurer les consultations 2 fois par mois en notre absence. Nous lui préparons un stock de médicaments dont il peut avoir besoin et nous lui prêtons une moto, nécessaire pour lui permettre d'aller au village à partir de Brickaville. Ce partenariat était très attendue dans l'association.

 

 

Nous avons toujours autant de plaisir à retrouver nos chauffeurs habituels Christian et Fabien pleins de ressources, à travailler avec Lysiane et nos 6 fidèles traducteurs sur qui nous pouvons compter en toutes circonstances, à échanger lors de nouvelles rencontres (Thierry, le cousin de notre hôte), à faire une soirée officielle avec les représentants du village, à monter des projets avec l'instituteur, à nous (re-)découvrir au sein de l'équipe... Mais le plus satisfaisant est d'avoir le sentiment que les conditions du village s'améliorent (école plus propre, zébus en bord de mer...) et de voir des patients sévères (paludisme aigu, sub-occlusion sur envahissement parasitaire, plaie atteignant l'os...) s'améliorer après les soins.  Nous quittons Madagascar en espérant de tout coeur qu'une nouvelle mission pourra partir en mai. Avis aux lecteurs : on recrute!!!

 

Dr Aude CHARTIER

Mission de Novembre 2016,

Regards d'Infirmières...

 

L'équipe était composée de deux médecins (Florian et Odile) et de trois infirmières (Anne, Anne-Marie et Valérie).

 

Nous avons vu environ 600 patients sur 10 jours. Le dimanche a été réservé au dentiste de Brickaville (80 patients et environ 160 dents arrachées).

 

Nous n'avons pas vu de cas de paludisme. Un test VIH est revenu positif et a donc été orienté sur l'hôpital de Brickaville. Nous avons rencontré beaucoup de patients dont l'utilisation de l'ECG était justifiée, ce qui a bien fonctionné. Un cas a nécessité la demande d'avis auprès d'un cardiologue en France, à qui nous avons envoyé les clichés photos de l'ECG via les téléphones portables. Ceci ayant permis aux médecins sur place de pouvoir adapter leur prise en soins.

Le thème de la nutrition a pu être abordé puisque nous avons rencontré quelques cas de constipation; La population se nourrissant essentiellement de riz, pour ne pas dire exclusivement, ceci a fait l'objet d'échanges sur les habitudes alimentaires, les légumes n'étant pas plus coûteux mais tenant moins au corps pour les taches à accomplir.

Marie-Angélique, patiente d'une trentaine d'années, est arrivée de loin en pirogue dans un état général critique. Après une dispensation de soins au dispensaire (perfusions et soins de confort), celle-ci a souhaité rentrer au sein de sa famille prête à l'accueillir à Ambila. Suivie tout au long de notre séjour à domicile, elle a pu repartir chez elle. Belle récompense.

Portée dans les bras de sa grand-mère est arrivée Germeline, dénutrie suite au décès de sa maman alors qu'elle n'avait que 8 jours. Nous avons décidé de lui fournir du lait maternisé jusqu'au retour de la prochaine équipe en janvier qui prendra le relai sur la conduite à tenir. Cela nous a amené à nous poser beaucoup de questions quant à la prise en charge des bébés dénutris qui pourraient alors se présenter au dispensaire et de la façon de gérer ces situations à l'avenir, afin de ne pas interférer avec les coutumes locales.

Le séjour s'est ponctué par l'inquiétude. Deux enfants en bas âge, issus de deux familles différentes présentaient une hyperthermie importante et persistante accompagnée de déshydratation et de toux, ce qui a suscité notre inquiétude dans la poursuite des soins. C'est sans appel que tous deux nécessitaient une prise en charge hospitalière. Orientation approuvée par une famille et refusée par l’autre, c’est dans l’acceptation et le respect de leurs choix que nos médecins, soudés, ont fait ce qu’ils ont jugé le mieux pour celui qui resterait chez lui.

 

Lysiane, la jeune agent communautaire du village, assure toujours les suivis des pansements si besoin, ainsi que la distribution de traitements des patients chroniques, que nous lui remettons préparés à chaque fin de mission.

Le dentiste de Brickaville est intervenu sur une journée entière ; celui-ci ne souhaite pas revenir lors de nos prochaines venues. Cependant, un autre dentiste semblerait intéressé pour prendre le relai si jamais nous n’en compterions pas parmi l’équipe.

L’entretien et l’aménagement du dispensaire se poursuivent mora mora.

Une distribution d’un peu plus de 200 brosses à dents a eu lieu à l’école d’Ambla. Quelques jours plus tard, épaulés par Joseph, l’un de nos traducteurs très investi auprès de l’association, nous avons nettoyé la cour de l’école. Le renfort du Directeur et de quelques élèves a été bienvenu.

 

C’est le cœur rempli de richesses, de partages, de sourires et de quelques larmes obligatoires … que l’équipe quitte le village.  Une relation de confiance se renforce à chaque venue auprès des villageois, et c’est à l’équipe qui suivra en janvier prochain que nous souhaitons une belle mission… qui le sera sans nul doute.

 

Anne Audebrand et Anne-Marie Pierre, Infirmières Libérales

 

Mission de mai 2016

 

Ce fut une mission difficile que celle de mai 2016. Non pas pour le travail, nous en avons l'habitude; mais le temps fut exécrable, et rares furent les instants où la pluie ne tombât pas ! 

Nous étions donc trempés pour aller de la villa de Bruno au dispensaire et en revenir, trempé aussi au dispensaire dont le toit fuit par endroits, avec des vêtements qui ne séchaient pas. Mais cela n'enlevait pas la bonne humeur qui nous habitait !!!

Comme toujours, donc, beaucoup de consultations, avec des pathologies intéressantes, mais pas un seul cas de paludisme. Beaucoup d'affections dermatologiques, digestives, mais aussi pulmonaires avec le temps humide et frais qui sévissait à Ambila.

Les infirmières (toutes les 3 novices) ont fait un travail remarquable, complétant ce qui avait été instauré par les précédentes équipes. Outre les soins à la population et la distribution des traitements à la fin des consultations, elles ont optimisé le rangement de la pharmacie, évacué les malles en fer archi rouillées pour privilégier les bacs plastiques, ce qui permettra de conserver dans de meilleures conditions les nombreux médicaments dont nous disposons. Un petit retard de livraison nous a empêchés de bénéficier de la commande de 8 cartons de médicaments, mais la prochaine mission les trouvera à la pharmacie, puisque Christian, Fabien et Thierry nos chauffeurs nous les ont amenés en venant nous rechercher.

La population est toujours aussi heureuse de nous voir, et de véritables liens se tissent avec les habitants; par exemple, nous ne manquons pas de saluer Armand, l'ancien chef du village malheureusement frappé par un accident vasculaire cérébral, et qui est aux anges quand nous allons le voir ! Et des histoires comme celle là, nous en avons tous !

Le dispensaire tient, et c'est le principal ! Certes, tout n'est pas parfait; il a fallu racheter des batteries pour l'électricité, prévoir d'étanchéifier au mieux la toiture, finir l'approvisionnement en eau des cabinets de consultations, mais cela avance, et nous travaillons dans d'excellentes conditions.

La prochaine mission aura lieu en novembre, saison bien plus clémente !

Il ne reste qu'à souhaiter qu'elle soit aussi belle que toutes celles que nous avons vécues jusqu'à présent ! Mais de cela, je n'en doute pas !!!

 

Dr Pierre Fournier

Une exposition de photographies prises par le Dr Fournier au cours de ses missions humanitaires à Madagascar, ainsi que de l'artisanat malgache, seront en vente le jeudi 17 mai, à partir de 18.30 , aux Jardins d'Automne, 24 rue de la Boissière, 28630, Nogent le Phaye, au profit de l'association Sahambala 28.

 

10 janvier 2016

 

D'abord, au nom de tous les membres de Sahambala 28, au nom de tous ces malgaches que nous soignons, mais aussi de tous ceux que nous côtoyons, je vous présente tous nos meilleurs voeux pour la nouvelle année, qu'elle soit riche de ces petits bonheurs qui nous font sourire, ou rire, et qui nous enchantent !  Qu'elle soit douce et belle pour vous et pour ceux qui vous sont chers !!!

Je reviens de l'arbre de Noël du Rugby Chartres Métropole où j'ai présenté l'association et notre dispensaire. L'année dernière, nous avions récolté 700 brosses à dents. J'avais alors formulé le désir d'avoir du matériel scolaire pour les enfants d'Ambila..Je devais également recevoir un chèque de don en remerciement des consultations médicales des enfants de l'école de rugby que nous avons faites gracieusement avec Nicolas en septembre.

Résultat : 80 kg de fournitures scolaires (trousses, crayons, règles etc..), et un chèque de 1 000 euros (5 euros étant reversés à l'association sur chaque licence) !!!

Un grand merci à Bruno Clinard du RCM, à son Président, et à toute son équipe qui se mobilisent chaque année pour Sahambala, ainsi qu'aux parents qui ont si bien joué le jeu !

La saison prochaine, nous devrions examiner aussi les juniors et certains adultes. Du pain sur la planche en perspective !

 

Dr Pierre Fournier

 

Mission de mai 2015

 

 

 

Cette campagne aura été marquée par le décès de notre compagnon de mission Charles Zuinghedau d'un arrêt cardiaque au cours de la nuit après le 4ème jour de présence dans le village.

 

Il avait entamé les premiers jours de consultation plein d'enthousiasme avec l'aide de Yasmina, infirmière anesthésiste de l’hôpital de Tamatave, venue spécialement à Ambila pour nous rejoindre. Il avait aussi pris sous son aile Orima, interne de médecine malgache qui nous rejoignait également pour la première fois.

 

La mission s'est arrêtée brutalement mais grâce à la présence d'une équipe efficace, à l'aide de nos traducteurs maintenant expérimentés et à la coopération avec Orima, nous avons été en mesure de répondre à environ 300 consultations sur nos quelques jours de présence.

 

Nous avons inauguré un petit laboratoire avec l'installation d'un microscope. Il n'aura permis cette fois que quelques diagnostics mais il ouvre la voix à de nouvelles possibilités dans le dispensaire.

 

Élisabeth, l'enseignante de l'équipe a été accueillie à bras ouvert par le directeur de l'école et l'équipe pédagogique. Cela a permis en l'espace de quelques jours de renforcer nos liens avec les enseignants qui ont un rôle clé dans la diffusion des messages de santé.

 

Une enquête auprès des usagers du dispensaire a été menée pour affiner nos futurs objectifs sur l'hygiène et l'assainissement et sur notre nouveau projet de jardin d'enfant.

 

Nous avons rencontré le directeur régional de la santé qui nous a apporté son soutien ainsi que le médecin inspecteur du district avec qui nous avons signé un accord de partenariat.

 

Nous avons cette fois encore apporté du matériel médical à l’hôpital de Brickaville et nous avons pu tester la possibilité d'une liaison vidéo en direct par internet avec la France : nous avons transmis des images d'un électrocardiogramme, interprété et diagnostiqué depuis la France, ouvrant la voie à de nouveaux projets. Nous avons rencontré les chirurgiens nouvellement arrivés et renforcé nos liens avec l'équipe médicale de l'hôpital.

 

Je retiens surtout l’immense élan de solidarité des habitants du village lors du décès de notre ami. Je resterai marqué par leur soutien lorsqu’ils sont venus spontanément organiser et participer à la veillée mortuaire selon les traditions locales. C'est aussi pour cette raison que chaque membre de l'équipe garde le désir de revenir à Ambila pour poursuivre notre action.

 

Dr Nicolas Chartier

mai 2015

14 juillet 2015


Nous sommes rentrés de la mission de juin/juillet depuis quelques jours.

Le temps de ranger nos affaires et de reprendre possession de nos maisons, et me voici devant mon écran pour ce petit éditorial.

Comme à chaque fois, c'est un éternel enchantement de retrouver Madagascar. Certes, la pauvreté est omniprésente, l'hygiène est aléatoire, les routes en piteux état, et je pourrais continuer à l'envie la liste des problèmes qui nous assaillent, mais la population est si accueillante, si merveilleuse d'optimisme et de joie de vivre, que c'est une belle leçon d'humanité que nous recevons de leur part ! Et alors, tous ces tracas se gomment pour ne laisser que cette formidable leçon de vie...

Nous avons moins travaillé que d'habitude. En effet, nous n'avons pas souhaité faire trop de publicité, n'étant que 2, Pauline et moi, à assurer les soins; nous avons vu en moyenne 25 patients par jour.

Nous avons profité de notre temps libre, favorisé par des conditions météorologiques médiocres (pluie, vent, froid !), pour nous consacrer au rangement de la pharmacie. C'était nécessaire, d'autant que la mission précédente avait été écourtée. Nous avons vérifié les péremptions médicamenteuses, classé et rangé les stocks de matériel médical. Il nous faut à l'avenir réfléchir à une optimisation de nos médicaments pour ne privilégier que les thérapeutiques essentielles. Quant aux malles en fer, elles souffrent beaucoup de l'air marin, et des rangements dans des bacs plastiques, voire nos vieilles valises qui arrivent "en bout de course" pourraient les remplacer avantageusement !

Il pleut dans le dispensaire ! Les joints posés sur les tôles ne sont pas suffisamment efficaces; du silicone s'impose !

De même, nous avons changé toutes les charnières des volets, remplacées par de l'inox  sur lesquelles j'ai mis une couche de graisse conséquente ! Il faudra continuer avec les portes intérieures qui étaient en meilleur état.

Ce fut l'occasion également d'assister à la Fête de l'Indépendance du 26 juin. Nous étions invités en tribune officielle, mais j'ai préféré rester en dehors pour photographier et filmer les festivités.

Rendez vous à l'école dès 7 heures du matin ,mais  tout le monde est arrivé à 8.30 ! sauf les vazaha (en fait nous 2) qui étions là à l'heure....ensuite salut au drapeau, avec hymne national chanté par les enfants, puis marche vers la place du village où nous attendaient la tribune officielle et la sono assourdissante ! Discours religieux et laïcs (pas loin de 90 minutes...) puis remise d'enveloppes aux anciens méritants et aux bienfaiteurs du village. Je fus appelé, en tant que président de Sahambala, à recevoir moi aussi mon enveloppe dans laquelle étaient glissés 2 billets de 1000 Ariary ! Symbolique, mais excessivement touchant !

Nous assistâmes à l'arrivée de la course de pirogues, puis réception officielle et pot de l'amitié (Fanta ou Coca au choix..heureusement pas de Bonbon anglais !).

Ce fut ensuite le sacrifice d'un zébu que nous avions acheté 2 heures auparavant, pour remercier les villageois de leur veillée funèbre lors du décès de Charles, et pour participer à notre manière à leur fête nationale. Le sang fut répandu autour de la chambre mortuaire et autour de la maison; chacun reçut ensuite sa part de viande.

Enfin, les festivités se sont terminées par un match de football opposant les rouges au bleus (ou l'inverse...). À un moment, les bleus (ou les rouges, je ne sais plus..) ont marqué un but, mais les rouges (ou les bleus..) ont dit que la balle était passée au dessus de la barre transversale (intérêt des filets, même de pêche !). Bref, ce fut le départ d'envahissements répétés du terrain, de palabres interminables, de désertion continue des joueurs rouges ou bleus (certains n'avaient même plus de maillots, des apatrides en fait !). Au bout de 40 minutes, nous avons quitté le stade , ce qui fait que je ne peux pas vous donner le nom (ou la couleur) du vainqueur, ni le score !

La prochaine mission aura lieu en novembre. Du pain sur la planche : consultations, visites à domicile possibles (!), rangement de la pharmacie et gestion du stock, entretien du dispensaire. 

Mais on y est tellement bien !!!


Dr Pierre Fournier



Editorial

22 mai 2015

 

La mission de mai vient de rentrer. Elle fut marquée par le drame. En effet, Charles Zuinghedau, notre ami médecin, est décédé à Ambila la première semaine de leur présence. Il était ravi de participer à cette formidable expérience et débordait d'enthousiasme...

Le village lui a témoigné un profond respect, en veillant sa dépouille, et en bénissant son cercueil au rhum, lors de son départ pour Tana. Il fut impossible aux accompagnants de poursuivre le travail sur place, et cela est parfaitement compréhensible. Tous, cependant, souhaitent de nouveau s'investir avec nous, tant au dispensaire qu'à l'école communale.

Nicolas a pu progresser dans notre reconnaissance auprès des autorités sanitaires malgaches. Il a obtenu des autorisations à Tamatave, dont dépend la région d'Ambila, et a rencontré à Brickaville le médecin inspecteur qui est ravi de notre action locale (nous avions déjà noué des contacts avec le Dr Etoile lors de précédentes visites, avec Jean Tibout).

La famille de Charles a souhaité que des dons soient effectués au profit de Sahambala28. Qu'elle en soit remerciée !


Dr Pierre Fournier

Mission de novembre 2014

 

La mission de novembre vient de s'achever. Elle fut pleine d'enseignement pour tous.

Elle nous a permis de dégager des points vraiment positifs, et des améliorations à apporter pour nos prochaines étapes:

  • l'accueil de la population est de plus en plus enthousiaste, et notre venue ressemble à une arrivée en montagne du Tour de France !
  • le dispensaire est toujours en bon état, et la pharmacie complète, ce qui est rassurant; il est vrai qu'il s'agit d'une construction POUR le village, et que sa dégradation impacterait directement les soins que nous prodiguons;
  • l'électrification a marché...2 jours avant qu'un malencontreuse panne nous oblige à ne plus utiliser le réfrigérateur (don de Pierre Yves, notre médecin novice !) et à terminer nos consultations avant la nuit;
  • nous avons reçu l'équipe d'Energie Santé Formation qui en a assuré le financement; ils ont été impressionnés par notre dispensaire !
  • la pharmacie très bien achalandée nous a permis de soigner la plupart des patients vus; je dis la plupart car il manquait certains médicaments, mais l'approvisionnement sera fait très rapidement grâce au listing effectué par Gérard le pharmacien, par les médecins présents et par Emma, notre jeune aide très efficace !
  • nous avons recruté une aide soignante, Lysiane qui assurera le suivi des pathologies chroniques en notre absence (hypertension artérielle et diabète au début, avant de prendre en charge des pathologies plus lourdes); nous la formerons à la prise de tension, au contrôle du diabète, et à des gestes simples.

Nous avons logé moitié chez Homéopharma qui nous reçoit habituellement, et moitié chez Bruno qui nous a généreusement prêté sa magnifique villa (il se reconnaitra; qu'il en soit remercié très chaleureusement !!!).

Ce fut une belle mission (comme toujours !).

La prochaine se déroulera du 4 au 14 mai 2015. Souhaitons lui autant de réussite que celle que nous venons de vivre !

 

Dr Pierre Fournier

novembre 2014

 

Mission de juillet 2014

 

   Pour cette première que j'organisais entièrement, nous sommes parti 2 semaines. Notre équipe comprenait deux médecins généralistes, une interne de médecine générale, une infirmière, une pharmacienne et un technicien polyvalent. Cette mission organisée pendant les vacances scolaires française a été l'occasion d'amener mes deux filles de 9 et 7 ans gardées par leur grand père pendant les journées de consultations et qui ont découvert la vie dans un village malgache. Leur présence et leurs jeux avec les enfants du village autour du dispensaire et à l'école d'Ambila a permis une plus grande proximité des équipes de Sahambala avec la population du village. C'était aussi un atout pour faire passer nos messages auprès des enfants.

   Pour la première fois, nous avons disposé d'un dispensaire fonctionnel même s'il restait encore des travaux à terminer. Les malles de médicaments et de matériel médical étaient déjà sur place et nous n'avons pas eu besoin d'organiser leur convoyage jusqu'à Ambila.

   Nous avons installé 3 salles de consultations dans les locaux pour recevoir plus de 500 personnes pendant nos 10 jours de présence sur place.

   Nous avons créé une salle de réunion qui nous a permis d'organiser des rencontres avec les membres du bureau communal, les instituteurs et le directeur de l'école, les agents communautaires du village. Ces rencontres sont essentielles pour faire comprendre nos messages et coordonner nos projets avec les acteurs locaux.

   Pour illustrer nos messages sur l'hygiène, nous avons installé un dispositif pour le lavage des mains de type Tippy Tap devant le dispensaire et à proximité des latrines. Nous avons rapidement vu l’intérêt suscité par ce dispositif puisque le directeur de l'école nous a demandé d'en installer un à coté des latrines de l'école.

   La rencontre avec les membres du Fond International du Développement lors de leur venue à Ambila et les discussions avec les agents communautaires nous ont fait réfléchir à de nouveaux projets sur le développement des latrines dans le village et l'utilisation de l'eau. En effet, l’équipement en latrines du village est quasiment inexistant. Les habitants s'approvisionnent en eau de boisson à une source accessible en pirogue de l'autre coté du canal ou à 20 minutes de marche en passant par un pont mais qui est environné de déchets et dont la qualité ne paraît pas garantie. Les possibilités d'amélioration sont importantes et les acteurs locaux paraissaient concernés par ces problèmes. Il semble qu'une impulsion de Sahambala pourrait être utile.

   Comme à chaque mission maintenant, nous sommes intervenus à l'école pour proposer aux élèves des activités sur l'hygiène qui ont captivé leur intérêt.

   Grâce à ce bel outil qu'est le dispensaire et notre implication toujours plus importante auprès de la population du village, de nouvelles possibilités apparaissent, de nouveaux projets se dessinent, de nouvelles vocations voient le jour.

 

Dr Nicolas Chartier

Juillet 2014

"De nouvelles vocations voient le jour"

05 Février 2014

 

Nous étions 4 amis, et un rêve un peu fou nous habitait.

Notre rêve se réalise, mais nos amis ne sont plus ....

D'abord Jean, qui a choisi de tirer sa révérence au monde, lui qui est depuis le début à nos côtés dans l'association, et qui a toujours participé à cette merveilleuse aventure un peu folle qu'est la construction du dispensaire et la dispensation des soins à Ambila.

Et maintenant Edmond qui n'a pas résisté à ce terrible accident cérébral qui l'a frappé de plein fouet à Tana... Nous nous sommes rencontrés dans l'Isalo, et lui aussi a tout de suite adhéré à notre projet, et nos idées.

Ils nous manqueront terriblement, mais je sais qu'ils seront toujours présents lors de nos missions !

 

Dr Pierre Fournier

25 Novembre 2013

 

Une nouvelle mission vient de s'achever.

Comme d'habitude, elle fut intense. Nous n'avons pas rencontré de paludisme, mais avons été confrontés à plusieurs cas de tuberculose et un cas de lèpre. Nous avons également traité des diabètes très élevés, certains avec des lésions cutanées graves. Et le cortège traditionnel de parasitoses en tout genre, cutanées et digestives... Nous avons également travaillé avec le Dr Lydie, médecin de l'hôpital rural de Brickaville, qui apprécie venir consulter lors de nos passages. Nous en avons profité pour poser les jalons d'un partenariat avec une infirmière de Brickaville, qui pourrait assurer des vacations en dehors de notre présence.

A propose de Brickaville, un bloc opératoire s'est construit tout récemment, inauguré en octobre 2013. Il n'est pas encore opérationnel, et il semble que le problème de l'eau, indispensable pour son bon fonctionnement, n'ait pas été étudié !

Nous avons, dans "notre manche",  des chirurgiens chartrains prêts à travailler à Brickaville. Nous attendrons  que les conditions soient réunis pour proposer un partenariat.

La population d'Ambila nous connait bien maintenant, et nous prodigue des marques d'affection très touchantes. 

Le dispensaire se construit, pas assez vite à mon goût, mais nous avons fait accélérer les choses par notre présence, et aussi notre fermeté quant aux délais à respecter. Les membres d'ESF de Tamatave sont venus afin de chiffrer les besoins en eau et électricité.

Nous ne pouvons que souhaiter que l'inauguration ait lieu pour la prochaine mission, en avril 2014.

 

Dr Pierre Fournier

 

27 septembre 2013

 

Nous voici désormais 5 à partir !

En effet, Florian, qui a déjà participé à une mission en novembre nous rejoint, avec Céline, son amie; et Mathieu, un infirmier de cardiologie de l'hôpital de Chartres m'a contacté et souhaite aussi venir compléter cette mission. 

Un bonheur n'arrivant jamais seul, Anne Marie, notre fidèle infirmière de Dordogne qui nous accompagne tous les ans, vient de recevoir un don de 900 euros pour l'achat de médicaments pédiatriques de l'association "Jessica pour l'Espoir" que nous avions connue l'année dernière, et qui renouvelle son aide. Que tous en soient remerciés !!!

Enfin, Nicolas a terminé une vidéo sur une de nos missions, avec l'aide de Karsten et Clara, rencontrés à Ambila et qui avaient partagé une matinée de consultations avec nous.

Visionnez là, et n'hésitez pas à la faire partager à vos amis :

http://www.youtube.com/watch?v=uDvY0FXQwU8&feature=youtube_gdata

 

Dr Pierre Fournier

Septembre 2013

 

Nous venons de passer toute une journée à trier les cartons de médicaments, de matériel médical qui s'amoncelaient dans notre atelier.

Nous ne pouvions quasiment plus y rentrer, tant nous accumulons de choses pour les missions à Madagascar !

Maintenant, nous y voyons un peu plus clair, et surtout ce tri a permis de mettre en évidence la bonne santé de notre approvisionnement en médicaments et matériel, car notre réseau de partenaires se montre très efficace.

Cependant, nous devons quand même commander des traitements à la Pharmacie Humanitaire Internationale, afin de compléter notre stock et pouvoir répondre à toutes les pathologies que nous rencontrerons. Nous avons reçu le soutien financier de l'association Jessica pour l'Espoir, qui nous aide depuis maintenant 2 ans, grâce à Anne Marie, notre infirmière de Dordogne qui nous accompagne dans notre beau projet !

Nous ne sommes actuellement que ...2 à partir, une infirmière, Jessica et moi. Cependant, Florian, qui a déjà participé à la mission de novembre, et son épouse, devraient nous rejoindre. Et je ne désespère pas de voir arriver quelques autres bonnes volontés d'ici le 31 octobre, date de notre départ...

C'est aussi un peu l'inconnu qui nous attend, car nous ne savons pas où en sont les travaux du dispensaire. Et l'association Electriciens sans frontières, notre partenaire dans cette construction, n'est pas mieux renseignée.

De toute façon, le malades seront là, et nous aussi ! C'est finalement le principal !

 

Dr Pierre Fournier

Mai 2013

 

SAHAMBALA vit des heures sombres...

D'abord notre secrétaire, Edmond RAJAONA, qui fait un accident vasculaire cérébral compliqué d'une hémorragie cérébrale alors qu'il était à Tananarive. L'hôpital central de Tana n'a pas les médicaments nécessaires qui auraient permis de juguler les effroyables dégâts qu'ont provoqué cet accident...Il  a été transporté à la Réunion, puis rapatrié à Toulouse où il est actuellement en soins intensifs. Les progrès sont très lents, et il reste encore sous assistance technique...

Ensuite notre vice-président, le Dr Jean TIBOUT qui a choisi de mettre fin à ses jours. Il se savait atteint d'une terrible maladie, et ne voulait pas subir les affres de traitements lourds, et d'une dégradation de son corps et de son âme. Il laisse un vide immense dans notre coeur. C'était un grand bonhomme, un "médecin de famille" comme il aimait le dire, un "médecin du monde" comme il était tout simplement...

Rien ne sera plus jamais pareil à Madagascar sans nos deux amis si chers !

Nous poursuivrons cependant notre travail, et la finalisation de notre grand et beau projet qu'est la construction du dispensaire d'Ambila. 

Pour eux !

 

Dr Pierre Fournier

Edmond RAJAONA
Edmond RAJAONA
Jean TIBOUT
Jean TIBOUT

Avril 2013

 

Une nouvelle mission est prête à partir fin avril, pour 2 semaines.

Elle est composée de 3 médecins dont 1 cardiologue qui désirait depuis longtemps intégrer notre groupe, 2 infirmières et 1 pharmacien.

Le village d'Ambila est prêt à les accueillir, et je souhaite que la population vienne en nombre, comme d'habitude, pour profiter des soins qui leur seront offerts.

Parallèlement, la construction du dispensaire a débuté; un premier virement de 3600 Euros a été effectué, permettant l'achat et le transport sur site du matériel pour les fondations.

Romain,  notre médecin très bricoleur, surveillera également les travaux en compagnie de Fidy, le maître d’œuvre, que nous avons rencontré et apprécié lors de notre précédent séjour.

Seul petit bémol : la présence concomitante d'une autre association médicale, ce qui risque de produire une redondance de soins, alors que le reste du temps, la population est livrée à elle même. Je pense qu'une meilleure organisation entre nos associations serait profitable à tous...

 

Dr Pierre Fournier

Mission de novembre 2012

 

Nous sommes partis 3 semaines du 1er au 21 novembre, à Ambila.

La situation médico-sanitaire a évolué depuis mai puisque Rodin, l'infirmier faisant fonction de médecin au village est parti et n'a pas été remplacé...

Les villageois doivent donc impérativement se rendre à Brickaville pour y être soignés, ce qui représente plus de 5 heures de marche.

Comme d'habitude, notre travail a été intense, et toutes les pathologies présentes. Notre équipe s'étoffe, puisque nous étions 9 au total, avec pour la première fois, un pharmacien, Régine, qui a accompli un énorme travail de recensement et classement de tous nos médicaments. Nous disposons d'une très belle pharmacie, et ce n'est pas grâce à la loi Bachelot....

Nous avons également rencontré les chefs du village pour finaliser le projet de notre construction de dispensaire. Il nous ont octroyé un terrain près de l'ancienne poste. Ce n'est que le début d'une grande aventure !

Nous avons reçu  un devis : le coût total, hors peinture, s'élèverait à près de 20 000 Euros. Cela parait raisonnable, compte tenu de la structure que nous projetons de construire. 

Nous sommes également en contact avec Energie Santé Formation, une association rouennaise, qui se propose de nous financer une grande partie de l'installation électrique du dispensaire, sous forme de panneaux solaires et éolienne. 

La machine est lancée !!!

 

Dr Pierre Fournier

décembre 2012

Mission de mai 2012

 

Le cyclone Giovanna a frappé férocement la région de Brickaville le 14 fevrier 2012, jour de la Saint Valentin !....

Des vents de plus de 280 km/h ont pulvérisé les habitations, arraché les toitures, dévasté la flore et les arbres ...

A cette catastrophe s'est rajoutée une pluie discontinue pendant des semaines, augmentant dangereusement le niveau du canal des Pangalanes, noyant les cases trop proches de l'eau, et inondant durablement les maisons en dur qui avaient résisté aux éléments déchaînés !

C'est une situation sans précédent qui attendait notre mission : dans quel état allions nous retrouver le village d'Ambila, et le dispensaire où nous prodiguons des soins ? Certes, plus de 2 mois s'étaient écoulés, mais la reconstruction avait elle été effectuée, car nous savions par notre ami Edmond qui s'y était rendu, que la structure avait beaucoup souffert ?

Et bien, non !  Rien n'avait été fait, et nous avons dû, dès notre arrivée, reconstruire un semblant de toiture, nettoyer de fond en comble l'intérieur des pièces et les étagères jonchées de boue et de détritus, afin de pouvoir offrir à la population un lieu de soins digne et accueillant. Spontanément, des villageois sont venus nous aider dans cette tâche, et dès la fin de la matinée, nous commencions nos consultations. Le propriétaire du dispensaire était en week end dans sa maison, face au dispensaire. A aucun moment, il n'est venu s'intéresser à nos travaux, ni aider d'ailleurs, se contentant le lendemain, lors de son départ pour Tananarive, de nous donner "carte blanche" pour tout travaux !!!  Personne n'a apprécié cette attitude....

Nous avons beaucoup travaillé, dans des conditions difficiles, car la pluie fut incéssante, et la toiture pas très hermétique....Des bassines jonchaient le sol, la pharmacie prenait l'eau, et nous devions jeter les emballages de médicaments, pour mettre les blisters dans des sacs plastiques étanches.

Beaucoup de maladies tropicales, bien sur, mais aussi des pathologies qui nous ont laissés perplexes, et pour lesquelles nous transmettons actuellement l'iconographie à des médecins hospitaliers pour avoir un avis diagnostic.

Surtout, nous avons eu l'immense bonheur de voir le conseil municipal d'Ambila, et les villageois, se réunir, et décider à l'unanimité, de nous octroyer un terrain communal pour y implanter un nouveau dispensaire !

C'est une merveilleuse nouvelle, et l'aboutissement des nombreux efforts répétés depuis des années pour la dispensation de l'hygiène et des soins à Madagascar !

Enfin nous allons disposer d'un lieu où nous pourrons travailler de manière pérenne, et multiplier sans entrave les missions. D'ailleurs, la présence de 2 nouveaux médecins avec moi, a été très bénéfique, puisqu'ils ont apprécié cette mission, et qu'ils paraissent intéressés pour s'impliquer à nos côtés.

Nous sommes maintenant dans la phase de finalisation, avec élaboration des plans, et prise de contact avec des entrepreneurs malgaches. Ce n'est pas simple, à 8000 km de chez nous, mais Edmond s'y attelle, lui qui est plusieurs fois par an à Tananarive.

J'ai rencontré les fondateurs d'Energie-Santé-Formation, basés à Rouen, très intéressés par notre projet, et qui accepteraient de financer une partie de l'installation électrique du dispensaire, avec l'appui du Conseil Général de Normandie : c'est une merveilleuse nouvelle, et nous sommes prêts à les accueillir lors d'une prochaine mission !

La "chasse" au financement est ouverte, et toute aide sera la bienvenue !

 

Dr Pierre Fournier

mai 2012

 

Mission de mai 2010

 

 

A la suite du mauvais accueil de la mission précédente, nous avons décidé de ne plus retourner à Marotsiriry, chez les soeurs de la sagesse, car nous n'étions plus considérés comme bienvenus.

Il nous est apparu que n'apportant pas "d'argent" mais seulement notre savoir, et des médicaments, nous étions moins intéressants que d'autres associations au porte monnaie largement ouvert !....

Nous avons donc travaillé dans le village de Manambato, à proximité de Brickaville, toujours sur la côte Est de Madagascar.

Ce village se situe sur le lac Rasoabe, le long du canal des Pangalanes construit par Galliéni pour longer la côte inhospitalière.

C'est un village merveilleux, d'accès assez difficile par une piste défoncée, et où l'accueil fut chaleureux et enthousiaste.

Nous avons beaucoup travaillé (comme à chaque mission d'ailleurs), en ayant installé notre "dispensaire" dans un ensemble de bungalows.

Les consultations médicales furent variées, avec une prédominance de maladies dermatologiques et d'infections sexuellement transmissibles.

Il nous est désormais possible de parler de prévention par préservatifs, n'ayant plus à subir les foudres et les réticences de la congrégation religieuse qui nous accueillait précédemment !

Nous avons eu peu de cas de paludisme, car la saison était encore chaude, et sèche.

Les dentistes ont extrait plus de 1 800 dents, mais n'ont pas eu de fente palatine à faire opérer.

Nous pensons avoir trouvé à Manambato notre "havre" de travail, et pour plusieurs raisons :

  • absence de personnel de santé à moins de 3 heures de marche;
  • bassin de population important avec tous les villages de pêcheurs disséminés autour du lac;
  • possibilité de loger un nombre important de bénévoles;
  • accueil chaleureux des villageois qui souhaitent notre retour mais surtout notre présence.

Nous avons donc décidé de construire un dispensaire avec plusieurs salles de consultation médicale et dentaire, de soins, d' hébérgement temporaire en cas de maladie grave, de pharmacie...

Nous avons rencontré quelques européens vivant à Manambato qui sont enchantés de notre projet, et qui désirent également s'impliquer avec nous dans cette démarche humanitaire; ils nous proposent la construction gratuite de la dalle en ciment !...

Il nous reste désormais à trouver un terrain à louer, et le dispensaire verra très rapidement le jour. Nous repartons en novembre pour faire avancer le dossier, voire le finaliser !

Bien évidemment, tout cela a un coût, et nous comptons sur l'appui de généreux donateurs, et sur notre participation à différentes manifestations pour récolter les fonds nécessaires.

Quel chemin parcouru par SAHAMBALA depuis sa création !

 

                                                                         Dr Pierre FOURNIER

                                                                         Mai  2010

Mission de novembre 2009

 

Une mission s'est rendue au dispensaire de Marotsiriry en novembre 2009.

Un seul médecin (Philippe) y participait. Il était accompagné de Madeleine et Naïla, infirmières, et de dentistes de l'association "Sourires d'enfants".

Le travail a été très intense, comme d'habitude, avec de nombreux malades, et les pathologies habituelles, avec cependant une moindre fréquence du paludisme, période sèche oblige.

Cependant, la morosité est de mise, devant l'accueil réservé à l'équipe par les Soeurs de la Sagesse. En effet, le logement fut plus que sommaire, avec insuffisamment de moustiquaires pour tout le monde, des matelas au sol, et des soeurs absentes des soins, laissant Philippe gérer seul les consultations et la pharmacie !

Il nous est difficile de travailler sereinement dans ces conditions, d'autant que notre présence est avant tout pour prodiguer des soins et un enseignement de l'hygiène aux populations locales.

L'appui du personnel du dispensaire est indispensable, et sa "désimplication" fait que notre avenir à Marotsiriry nous parait bien sombre !
Nous avons donc décidé de travailler sur Brickaville en mai 2010, où j'ai déjà effectué une mission en août 2009, et où le père Jean Jagu, cousin de notre dentiste Dominique accepte avec un grand plaisir de nous accueillir !
Nous souhaiterions établir à Brickaville un centre de soins spécialisés, avec quelques spécialistes (cardiologue, pédiatre, dermatologue, gynécologue), les généralistes tournant dans les centres de santé avoisinants au cours de missions de 2 à 3 jours pour soigner et adresser les patients à nos confrères spécialistes.
De plus, nous profiterions de notre mission pour échanger nos expériences avec nos confrères malgaches.

 

Dr Pierre FOURNIER

Décembre 2009

Mission d'août 2009

 

Nous sommes retournés à Madagascar en août.

Le dispensaire privé de Marotsiriry ne pouvant nous accueillir, nous avons travaillé à l'hôpital public de Brickaville.

Brickaville (Ampasimanolotra) est situé sur la côte Est de Madagascar, à 100 kilomètres au sud de Tamatave, et doit son nom à Charles Bricka, chef des travaux publics à l’époque de la colonisation française.

La population, essentiellement jeune, s’établit aux environs de 30 000 personnes.  La fermeture de la distillerie, principale activité régionale, a plongé la ville dans une pauvreté accrue .

Nous y avons beaucoup travaillé, dans des conditions d'hygiène déplorables ! Il existe une indifférence profonde du personnel soignant : 4 jours ont été nécessaires pour obtenir le lavage de la table d'examen et du sol avec la Javel que nous avions amenée !

Aucune règle d'hygiène, aucune mesure de prévention ne sont appliquées !

Vous pourrez lire notre compte-rendu complet dans "Nos missions".

Ce séjour fut cependant l'occasion de rencontres extraordinaires :

  •  le dispensaire privé d'Imady, au Sud d'Antsirabe où le personnel est très impliqué dans une démarche de qualité, avec des objectifs de création d'une maternité et d'une clinique (!), et où l'hygiène règne en maître;
  • surtout, la rencontre d'un couple de malgaches installés en France depuis plusieurs dizaines d'années, et qui ont regard sans parti-pris identitaire sur leur pays natal.

Annick et Edmond sont universitaires, et s'investissent à Madagascar dans des projets ambitieux, non sanitaires; leur connaissance de la société malgache, leur expérience et leurs conseils nous seront très certainement d'un aide précieuse !

J'ai demandé à Edmond de bien vouloir collaborer à ce site et à notre blog, ce qu'il a accepté sans restriction. Qu'il en soit vivement remercié !

                                                                         Dr Pierre FOURNIER

                                                                         Septembre 2009

Hôpital de Brickaville
Hôpital de Brickaville

RAPPORT DE MISSION A L’HOPITAL DE BRICKAVILLE EN AOUT 2009


Nous avons effectué une mission de soins à l’hôpital de Brickaville du 30 juillet
au 08 août 2009.


1. Brickaville

Brickaville (Ampasimanolotra) est située sur la côte Est de Madagascar,
à 100 kilomètres au sud de Tamatave, sur la RN 2.
Elle doit son nom à Charles Bricka, chef des travaux publics à l’époque de la colonisation française.

La population, essentiellement jeune, s’établit aux environs de 30 000 personnes. 


2. Le système de santé

Brickaville dispose d’un centre de santé de base 2, d’une dentisterie et d’un centre hospitalier de district I (CHD I).
Il est intéressant de lire l’Express de Madagascar du 04-11-2005 :

« Les habitants de Brickaville n'auront plus à rejoindre Toamasina ou Antananarivo pour les interventions chirurgicales. Ce district de la région Antsinanana, sur la RN 2, acquerra bientôt un Centre hospitalier de district niveau II (CHD II).
Le nouveau CHD II sera construit sur une superficie de 1 300 m2 dans le village Mahatsara, dans le fokontany d'Andohanako, à sept kilomètres de la ville. Les travaux ont débuté samedi, et ce pour une durée de onze mois.
Il comportera plusieurs services, entre autres la maternité, la chirurgie, la dentisterie, l'ophtalmologie, la pédiatrie, le centre de radiologie. Une enveloppe, s'élevant à
Ar 3 milliards, est déboursée pour financer les travaux de construction.
“Cette formation sanitaire est mise en place dans le but de diversifier et d'améliorer les soins dispensés aux habitants de Brickaville et des districts périphériques, explique le ministre de la Santé et du planning familial, Jean Louis Robinson, samedi, au cours de la pose de la première pierre.
Comme elle sera bâtie sur une hauteur, la nouvelle infrastructure échappe aux inondations en cas de fortes pluies ou de cyclone.
“A chaque saison de pluies, tout le centre patauge dans l'eau, fait savoir un médecin de l'ancien hôpital de Brickaville. “Or, les malades sont nombreux pendant cette période propice aux maladies émergentes, telles que le paludisme, le diarrhée, ou la grippe”, ajoute-t-il. »


Cependant, nous n’avons jamais entendu parler de cette structure et les quelques examens complémentaires demandés ont été effectués à Tamatave…


Lisons encore l’Express de Madagascar du 04-11-2005 :

« En attendant, le CHD I actuel, se trouvant dans un état de délabrement total, sera réhabilité. “Le plan de l’enceinte sera modifié pour que les pharmacies, ou encore la dentisterie, soient plus visibles et accessibles au plus grand nombre”, déclare le ministre.
Desservant près de 29 000 habitants, ce CHD I se trouve dans un endroit plutôt humide. “Il est souvent confronté à des problèmes d’infiltrations, notamment pendant la période des pluies, et tout le monde patauge dans l’eau”, explique le médecin inspecteur de Brickaville.
Résultat : la salle de dentisterie est surélevée de un mètre par rapport au sol, pour que les appareils ne soient pas endommagés par l'eau stagnante. La hauteur sous plafond ne suit pas, alors, les normes internationales.
“Les travaux de réhabilitation démarreront bientôt. Les changements seront visibles d’ici trois à six mois”, confie le docteur Jean-Louis Robinson. »

Force est de constater que depuis 2006, la situation sanitaire du CHD I ne s’est pas améliorée, loin s’en faut !....



3. Le CHD I

L’hôpital est situé dans la ville. Il s’intègre dans un ensemble sanitaire regroupant le CSB 2,
la dentisterie, la maternité et le CRENI, ainsi que les différents bureaux et logements.

C’est une structure répartie sur un rez-de-chaussée surélevé et un étage.

• Le rez-de-chaussée comprend la salle de soins, lieu de passage entre l’avant et l’arrière du bâtiment ; le laboratoire ; la pharmacie et deux cabinets de consultation.
Les salles d’attente sont situées à l’extérieur, sous le préau.

• L’étage comprend deux salles d’hospitalisation (une pour enfants, l’autre pour adultes) ; une salle de garde pour l’infirmière ; les toilettes.

• Le bâtiment est entouré d’une bande de terrain boueuse et jonchée de détritus (flacons de perfusion, emballages de médicaments vides, sacs plastiques en tout genre…)

• D’autres bâtiments sont attenants : Maternité et Centre de Récupération Nutritionnelle Intensive (CRENI).

• L’article de 2006 pourrait être écrit cette année sans que l’on ait à modifier une simple virgule !


4. Les soins

L’essentiel de notre activité s’est résumé à la dispensation de consultations. Cinq visites à domicile ont été effectuées.
Une annonce radiophonique avait été faite quelques jours avant notre arrivée, afin de sensibiliser la population.
En cinq jours, plus de 200 consultations ont été effectuées.
Ces consultations étaient gratuites de notre part, mais nous avons appris le dernier jour qu’en fait, les patients payaient 2 000 Ar au médecin-chef….
Il est fort probable que ce coût a limité l’accès aux soins des plus démunis.


5. Les pathologies


A l’inverse de Marotsiriry, où nous avions diagnostiqué de nombreux cas de paludisme et de bilharziose, les pathologies les plus fréquentes se sont révélées être des algies articulaires, des hypertensions artérielles, des pathologies abdominales non parasitaires.

Sur le plan infectieux, nous avons été amenés à voir de nombreuses infections respiratoires (hiver oblige), une quasi-absence de paludisme, de dengue ou de chikungunya.

Enfin aucune grippe aviaire ou porcine n’a été diagnostiquée.


Quelques cas de malformations ont été vus (hydrocéphalie, microcéphalie…)

Il est d’ailleurs intéressant de noter que Brickaville se singularise par la présence de cas spéciaux de malformations (siamois, enfant de 9 ans sans organes sexuels…) : le Pr Lalatiana de Tananarive explique la surprenante fréquence de cas de malformation dans la brousse par certaines habitudes de consommation de tisane ou « tambavy » non contrôlée scientifiquement. Il évoque également la consanguinité.




Nous avons été confrontés à des cas de dénutrition sévère, notamment un enfant de 7 ans pesant 9 kilogrammes, qui a bénéficié d’une hospitalisation au CRENI attenant.

 

 

Ce centre dispose d’un personnel compétent, attentif, et pour qui les notions d’hygiène semblent être plus importantes qu’à l’hôpital, même si une mère dont nous avions hospitalisé l’enfant ne l’avait toujours pas lavé, après 24 heures … 

Quelques tumeurs ont nécessité une exploration radiologique ou échographique.
La médiocrité radiologique d’une tumeur du genou nous a consternés.

Nous ne disposions d’aucune possibilité d’analyse biologique ou de Test de Diagnostic Rapide (paludisme) au sein de l’hôpital. Seule était pratiquée la recherche de BK dans les crachats.


6. Les médicaments

L’hôpital dispose d’une pharmacie communautaire où les patients, à la fin de la consultation, peuvent acheter les médicaments.
Nous avons tenté, dans la mesure de notre dotation personnelle, de donner gratuitement les traitements. Cependant, nous avons été assez vite démunis en antibiotiques à large spectre et antalgiques de palier I ; les patients devaient donc se fournir à la pharmacie.
Brickaville dispose également de plusieurs distributeurs pharmaceutiques assez bien échantillonnés, ce qui nous a permis, finalement, de travailler dans des conditions satisfaisantes (si l’on exclut bien sur le fait que nous ne pouvions assurer la totale gratuité de notre action…Mais le médecin-chef l’avait déjà largement écornée…)


7. L’hygiène

C’est un véritable désastre !
Tout est sale, les murs, le plafond, les sols, les meubles, les instruments, le matériel !
Tout est vétuste et laissé à l’abandon, sans entretien !
Pas d’eau au lavabo du cabinet (et de toute façon, pas de robinet ni d’écoulement !)
L’hygiène est totalement absente, même chez le personnel soignant.
Nous avons amené notre bidon d’eau et notre savon pour nous laver les mains entre chaque consultation.
La salle de soins, espace censé être préservé, est le point de passage entre l’avant et l’arrière du bâtiment.
Lors des fortes pluies (pluriquotidiennes…), l’abord principal de l’hôpital est inondé et boueux, donc les patients passent par la rue arrière pavée et franchissent allègrement la salle de soins avec les pieds ou les chaussures sales, dans la plus profonde indifférence du personnel !
Nous avons vu dans cette salle un patient tuberculeux présentant une hémoptysie très abondante et crachant du sang dans un haricot en ferraille rouillée pendant que des gamins passaient et repassaient devant lui sans la moindre remontrance !
Il nous a fallu batailler pendant notre présence pour imposer un lavage du sol et de la table d’examen.
Nous avons obtenu, seulement au bout de 4 jours, leur nettoyage avec de la Javel que nous avions amenée.
Enfin, nous avions acheté des savons que nous avons distribués lors des consultations.


8. Le médecin-chef

Il est très difficile de juger sa compétence professionnelle, puisqu’il a bénéficié d’une semaine de « vacances » pendant notre présence…
Des « on-dit » nous affirment qu’il n’examine jamais les patients, mais dispense les traitements en fonction de l’interrogatoire.
Nous sommes enclins à le croire, devant la mine effrayée des patients à qui nous demandions de se déshabiller de s’allonger sur la table d’examen !...
Son salaire mensuel est de 410 000 Ar (160 euros).
En comparaison, le SMIC malgache est actuellement de 60 000 Ar (24 Euros).
Avant notre arrivée, il travaillait avec un tensiomètre aux valeurs fantaisistes, un VIDAL de 1988.


9. Le CSB 2 d’Imaty

Lors de notre séjour, nous avons eu l’occasion de visiter le CSB 2 d’une bourgade située à 12 kilomètres d’Ambositra, entre Antsirabe et Fianarantsoa.
Ce CSB 2 appartient à une congrégation religieuse.
En quelques années, le centre s’est doté d’une structure médicale de pointe, avec échographe, couveuse pour prématuré, et souhaite développer une maternité et une clinique !
Le médecin est payé par la congrégation (125 Euros mensuels), et travaille dans des conditions remarquables.
L’hygiène est omniprésente, et le personnel excessivement scrupuleux veille à la bonne tenue du centre.
Le problème reste l’approvisionnement en médicaments, puisque le dispensaire compte beaucoup sur les dons, devenus plus rares depuis l’avènement de la loi « Bachelot ».

Nous sommes cependant à des années-lumière de la structure publique de Brickaville ! 




Brickaville est une ville pauvre, très pauvre, où la misère s’est accrue depuis la fermeture de la distillerie.

Brickaville est une ville sale, très sale, où les infrastructures se dégradent inexorablement.
Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles, climatiques et sanitaires, avec une absence de moyens criante !

Il est indéniable que le personnel d’une entité publique ne s’investit pas dans son outil de travail et que sa dégradation ne provoque aucun sursaut d’amélioration.
L’intérêt individuel prend le dessus sur l’intérêt collectif.
La morale est le régulateur majeur, elle permet de conditionner les humains à se priver d'un intérêt individuel au profit de la collectivité C’est le cas des sociétés primitives, et certainement pas de nos sociétés actuelles pour lesquelles le bien individuel est prédominant.

Mais nous devons persévérer dans nos actions d’éducation et de soins, car de notre obstination et notre dévouement peut naître une conscientisation qui saura faire évoluer la situation sanitaire de ce pays magnifique, à l’instar de la politique développée par le CSB 2 d’Imaty !


                                                                                       Pierre Fournier
                                                                                Août 2009

 

Retour de la mission de mai 2009

 

 

Notre mission de mai vient de se terminer.

La situation politique ne nous a posé aucun problème (un seul contrôle de papiers depuis Antananarivo, sur la piste, entre le village côtier de Mahanoro et le dispensaire de Marotsiriry), et à aucun moment, nous ne nous sommes sentis en insécurité, ou avons perçu une hostilité quelconque à notre encontre.

Economiquement, le pays souffre, mais il est difficile de juger si la crise mondiale a aggravé la misère déjà partout présente.

Quant à la situation sanitaire, elle est toujours aussi catastrophique ! 

Nous avons été confrontés à une épidémie de paludisme, mais également de dengue. Ces affections sont transmises par les moustiques.                                                        

A cela plusieurs hypothèses : outre le fait que ces maladies, et notamment le paludisme, sont à l’état endémique à Madagascar, l’absence de délivrance gratuite des moustiquaires par les centres de santé depuis maintenant deux années peut expliquer la recrudescence des cas de paludisme, et de sa forme dramatique, le neuropaludisme, qui fait des ravages chez les nourrissons et les enfants en bas âge.                                

En effet, l’état malgache ne peut plus financièrement assumer cette mission de prévention. Nous réfléchissons donc à différents financements nous permettant d’acheter des moustiquaires et de les distribuer dans les villages avoisinant notre dispensaire.

Nous avons du également composer avec la faible quantité de médicaments disponibles. Merci encore à Mme Bachelot et tous ses technocrates .                                  

J’ai obtenu, par l’intermédiaire des députés du département d'Eure et Loir, une réponse de Madame la Ministre de la Santé à mes interrogations sur les médicaments non utilisés.                                                                                                       

Ses affirmations sont à des années-lumière de ce que nous vivons au quotidien dans ce pays !     

Nous y reviendrons !                                                                                             

                                                                  

           Mai 2009

Dr Pierre FOURNIER

COMPTE-RENDU DE LA MISSION A MAROTSIRIRY

 

MAI 2008

 

Le dispensaire de Marotsiriry se trouve à 300 kilomètres au Sud de Toamasina, sur la côte Est de Madagascar, le long du canal des Pangalanes.

Il est situé en brousse, à 18 kilomètres de Mahanoro, à l'intérieur des

Nous rejoignons ce dispensaire depuis Antananarivo par taxi brousse jusqu'à Mahanoro, puis par camion 4x4. Le trajet dure presque 12 heures, mais les derniers kilomètres de piste nous prendrons 1 heure 1/2.

L’objectif de notre mission était de développer 2 axes, médical et socio-sanitaire, la conjonction des 2 créant une entité : l’hygiène.

Nous devions nous appuyer :

  • pour le versant médical sur la traduction et l’expérience professionnelle de Sœur Joséphine, infirmière diplômée et responsable du CSB 1 de Marotsiriry (Centre de Santé de Base 1);
  • et pour le recueil des données socio-sanitaires sur nos constatations et l’aide des chefs de villages.
  •  

Si la partie médicale s’est déroulée sans problème, en revanche, l’exploration des villages environnants est restée très sommaire et l’exploitation des données recueillies ne pourra être qu’aléatoire.

En effet, l’absence de responsables de villages lors de notre séjour, les renseignements fournis très sujets à caution, et l’aspect chronophage des consultations ne nous ont pas permis de recueillir des éléments d’une fiabilité totale.

 

1. L’axe médical

   1.1 Les consultations médicales.

2 médecins généralistes ont effectué les consultations, aidés par sœur Joséphine qui traduisait et nous délivrait des conseils précieux liés à son expérience de terrain.

Nous avons assuré 373 consultations en 9 jours de travail effectif, réparties comme suit :

  • Adultes :          219                           
  • Enfants :          154
  • Femmes :          210
  • Hommes :          163
  •  

Les principales pathologies rencontrées s’énumèrent ainsi :

  • Parasitoses :               121
  • Infections respiratoires :  83
  • IST :                        21

Les remarques suivantes peuvent être effectuées :

  • Importance des affections respiratoires due à la période "froide" de l’année ;
  • Elles touchent en priorité les enfants de moins de 5 ans ;
  • Les parasitoses sont très probablement minorées, chaque recherche microscopique demandée s’étant avérée positive ;
  • Les poly-parasitoses sont excessivement fréquentes ;
  • La compétence de Sœur Florentine au laboratoire nous a permis de diagnostiquer de nombreuses parasitoses digestives, confirmant la prédominance de la bilharziose digestive à Schistosoma Mansoni;
  • L’utilisation du test de Diagnostic Rapide de Paludisme a aidé l’équipe dans ses décisions diagnostiques ;
  •  L’équipe s’est montrée déterminée et soudée.

 

1.2           La pharmacie.

Aucun problème ne s’est posé à l’équipe soignante concernant la pharmacie.

Les médicaments étaient présents en nombre lors de notre arrivée.

Annie, infirmière et Nathalie se sont engagées dans un rangement efficace, avec :

·        création de rayonnages accueillant les différentes classes médicamenteuses ;

·         lecture des péremptions et élimination des médicaments périmés ;

·        tri des médicaments inutiles pour envoi à l’hôpital

(Toamasina ? Vatomandry ?) ;

·        information permanente aux médecins sur la présence des médicaments prescrits, avec demande d’orientation vers des molécules similaires en cas de « pénurie ».

 

Certaines molécules ont manqué à l’équipe.

Une liste a été rédigée, et nous pensons pouvoir fournir le dispensaire au cours de l’année.

Dresser une liste mise à jour régulièrement par les Sœurs semble du domaine utopique, leur travail infirmier et leurs obligations religieuses ne leur laissant pas cette possibilité.

Il parait plus adéquat de fournir régulièrement le dispensaire en molécules indispensables (nos constatations vont principalement vers les antibiotiques et les antalgiques), et d’envoyer ponctuellement des médicaments de prescription plus anecdotique, mais utile.

Il serait également nécessaire de compléter les boîtes de façon à éviter leur stockage  avec seulement quelques comprimés à l’intérieur…

 

1.3           Le matériel médical.

Nous avons été confrontés à quelques actes de petite chirurgie, ou de soins infirmiers élaborés.

Le matériel était en quantité suffisante, et en adéquation avec nos pratiques.

Cependant, il ne faut pas relâcher notre effort dans ces fournitures, de peur de voir s’installer une carence préjudiciable à la bonne qualité des soins.

1.4           Le laboratoire.

La présence de Sœur Florentine au laboratoire aura été d’une grande utilité.

Elle a mis en évidence de nombreuses parasitoses et IST permettant des  traitements adaptés.

Il est néanmoins nécessaire de l’approvisionner régulièrement en colorants et lames.

1.5   Les chirurgiens-dentistes

Le Dr Dominique JAGU participe depuis de nombreuses années à des missions humanitaires à MADAGASCAR.

Il prodigue des soins dentaires de première nécessité, et notamment des extractions dentaires. Il est aidé par son épouse, Catherine.

Lors de cette mission, Dominique aidé de Célestin a consulté 511 patients et extrait 1673 dents !

Certaines pathologies ont été détectées : ostéosarcome, tumeur du palais, fente palatine. De nombreuses infections sont mises en évidence, avec présence de kystes radiculaires.

 

2. L’axe socio-sanitaire

Il représentait le deuxième versant de notre mission.

Cependant, il a été très difficile à l’équipe soignante de le réaliser comme souhaité.

A cela, plusieurs causes :

  • Pas de traducteurs disponibles ;
  • Manque de personnel pouvant se détacher du soin pour effectuer les recherches ;
  • Part trop importante du soin dans le temps de vie ;
  • Absence de chefs de village pouvant être le relais entre l’équipe soignante et le versant administratif des villages ;
  • Données très aléatoires de l’état civil des habitants des différents villages,  notamment du nombre de naissances et de décès, voire même des âges des enfants !

Cependant, nous avons pu récolter quelques informations qui permettent d’avoir une vision globale de la situation socio-sanitaire du secteur de Marotsiriry.

         2.1 : Rencontre avec le Médecin inspecteur.

 

 

Lors de cette rencontre, nous apprenons que :

  • Le secteur de Mahanoro compte 245 000 personnes ;
  • Il dispose de 5 médecins : 1 médecin inspecteur, 1 médecin du service d’urgence de l’hôpital de Mahanoro et 3 médecins de CSB 2 ;
  • A ces 5 médecins s’ajoutent 4 médecins généralistes installés à Mahanoro ;
  • Il n’existe pas de médecins spécialistes à Mahanoro ;
  • Un cabinet radiologique est actuellement en impossibilité de fonctionnement (manque de pièces) ;
  • Les consultations de spécialistes sont adressées à l’hôpital de Vatomandry où peuvent être effectués des actes chirurgicaux (lesquels ? compétences du chirurgien ?) ;
  • Des données sont collectées régulièrement sur les différents pathologies, notamment les parasitoses digestives, le paludisme, les affections respiratoires ;
  • Seuls 40% des CSB2 ont un médecin... ;
  • 60% des CSB1 n’ont pas de personnel qualifié ;
  • Presque 20% des CSB 1 ne dispose d’aucun personnel !

   2.2 : Rencontre avec le médecin du CSB 2 de Betsizaraina.

  • Notre consœur est en poste depuis 13 mois et pour une durée indéterminée ;
  • Elle effectue en moyenne 10 consultations quotidiennes ;
  • Elle ne semble pas pratiquer d’accouchements (rôle des matrones de village) ;
  • La dotation en pharmacie paraît très sommaire, mais notre consœur nous assure qu’elle n’a pas connu de rupture de stock ;
  • Elle consacre une grande partie de son activité à participer à des formations, et à élaborer des graphiques de surveillance épidémiologique (infections respiratoires, paludisme, diarrhée…) transmis ensuite au médecin inspecteur ;
  • Nous n’avons pas eu connaissance de missions humanitaires ayant travaillé au sein de ce CSB 2 ;
  • Elle souhaiterait une participation effective d’un médecin au CSB2 lors des futures missions.

   2.3 : Situation sanitaire du district.

Le CSB 1 de Marotsiriry et le CSB 2 de Betsizaraina représentent les deux seuls pôles médico-sanitaires du secteur.

Les demandes d’hospitalisation sont adressées à l’hôpital de Mahanoro, puis transférées à Vatomandry ou Toamasina.

Les patients se rendent à  Mahanoro au mieux par taxi brousse 4x4 du fait de la dégradation importante des 18 km de piste.

La liaison entre Mahanoro et Vatomandry est assurée ensuite par taxi-brousse.

Il est indéniable que les transferts vers les hôpitaux les plus proches relèvent du domaine de l’utopie, en regard des conditions socio-économiques des habitants du secteur.

Un énorme effort médico-social est cependant réalisé par les Sœurs, et le CSB 1 de Marotsiriry jouit d’une excellente réputation.

2.4 : Environnement socio-sanitaire.

Les parasitoses représentent un véritable fléau. Ce sont les pathologies les plus importantes diagnostiquées et traitées.

Plusieurs éléments contribuent à cette endémie :

  • Le faible niveau socio-économique ;
  • L’absence d’éducation élémentaire de l’hygiène ;
  • L’absence de point d’eau salubre ;
  • Le péril fécal ;

La prévention systématisée encore trop insuffisante.

Notre visite dans le village d’Ambodivolobe (le long du fleuve Mangoro) en est l’illustration parfaite :
  • Village mal entretenu ;
  • Enfants jouant dans l’eau stagnante ;
  • Habitants sales (la misère n’entre pas ici en ligne de compte, mais seulement l’absence d’hygiène, ou d’éducation) ;
  • Absence de point d’eau salubre, l’eau étant puisée en bas du village, point d’eau dans lequel nous avons vu également des enfants jouer ;
  • Une latrine commune en état de fonctionnement (constatation de visu…) mais d’accès malaisé et sans entretien ;
  • Lavage des éléments de cuisine et jeux des enfants sur les berges du fleuve où la vitesse de l’eau est faible ;
  • Péril fécal présent partout !

   2.5 Environnement économique.

Actuellement, la récolte de riz permet une stabilisation des cours (1 000 Aryary le kg).

Il ne semble pas exister de famine, mais la malnutrition est toujours aussi présente, touchant principalement les enfants de plus de 24 mois.

Lors de la journée de vaccination, nous avons constaté que seulement 12 enfants sur 80 avant 2 ans présentaient un retard pondéral.

   3. Perspectives et projets des futures missions

   3.1 Modélisation d’un village.

Une idée très intéressante a été émise par Célestin, dentiste exerçant à Toamasina et qui accompagne nos équipes lors de leur venue. Elle consisterait à sélectionner un village, à le « modéliser » par une éducation rigoureuse des règles d’hygiène de base, le but étant de convaincre les autres villages du bien fondé de ce projet avec  une diminution des parasitoses et des maladies liées au péril fécal et au manque d’hygiène.

Certes, cette action doit s’inscrire dans la durée, les résultats attendus ne seront pas immédiats, mais l’hygiène décente de nos pays occidentaux n’est-elle pas, elle aussi, relativement jeune ?

         3.2 Soins et éducation.

Il est impossible à l’équipe soignante de prodiguer des soins tout en consacrant une partie de son temps à l’éducation de l’hygiène. En effet, cette dernière nécessite des déplacements dans les villages, avec l’aide de traducteurs, une présence durable et renouvelée, véritable travail de fourmi difficilement réalisable en même temps que la dispensation des soins.

Cependant, elle est indispensable et véritablement complémentaire de l’action médicale.

Elle ne nécessite pas forcément des compétences médicales, mais surtout un pouvoir de persuasion et une grande patience !....

Il est indéniable que cette mission est une réussite :

  • Sur le plan médical, nous avons rencontré des pathologies différentes de celles des missions précédentes;
  • Sur le plan relationnel, elle a permis au groupe de se souder et d’apprécier nos différences, tout en respectant les convictions et les choix de chacun ;
  • Sur le plan humain, elle fut d’une grande richesse, notamment pour les membres « novices » ;
  • Des énergies nouvelles se sont révélées devant l’immense tâche à accomplir !

 

Je ne peux que souhaiter que ces missions se pérennisent et que ce formidable élan ne se démente jamais !

                                                                                             Dr Pierre Fournier

                                                                                              Mai 2008

COMPTE-RENDU DE LA MISSION A MAROTSIRIRY

 

MAI 2009


Notre mission s’est déroulée du 1er au 18 mai 2009.

1. Le voyage
Depuis l’année dernière, nous travaillons au dispensaire privé de Marotsiriry.
Marotsiriry se trouve en brousse, à une vingtaine de kilomètres de Mahanoro, village de la côte Est de Madagascar.
Mahanoro se situe lui-même à presque 300 kilomètres au sud de Tamatave, deuxième ville de Madagascar, et grand port ouvert sur l’océan Indien.
Rejoindre Marotsiriry n’est pas chose aisée ; certes, la route est correctement asphaltée, et les tronçons de piste ont disparu, du moins jusqu’à Mahanoro, mais la route est très longue !
Nous prenons le taxi-brousse à Antananarivo (Tananarive), capitale de Madagascar, située sur l’épine dorsale de l’île. Le trajet dure alors une journée entière, et enchaîne une succession de virages quasiment jusqu’à Mahanoro ! Cumulé aux dix heures d’avion, l’arrivée au dispensaire est salvatrice pour toute l’équipe.

2. La sécurité
A aucun moment, nous ne nous sommes sentis en insécurité.
Les troubles politiques récents qui ont affecté Madagascar nous avaient amenés à repenser notre voyage. Il s’est avéré sans danger.
Nous n’avons fait face qu’à un seul contrôle de l’armée, routinier et plutôt bon enfant, sur la piste reliant Mahanoro à Marotsiriry.

3. L’environnement médical

 

Le dispensaire de Marotsiriry est un centre de santé de base 1, niveau le plus bas de la hiérarchie sanitaire.
Sa permanence est assurée par deux infirmières, aidées par du personnel local,

« luxe » que ne possède pas de nombreux centre de base 1 !...
C’est un dispensaire privé, appartenant à la congrégation des Filles de la Sagesse, ordre religieux né en France sur la côte atlantique.
A proximité du CSB 1 se trouve un centre de santé de base 2 (CSB 2), qui est dirigé par une sage-femme. L’année dernière, nous y avions rencontré une femme médecin qui a été mutée depuis.
Le rôle du CSB 1 est la dispensation des soins, la réalisation des campagnes de vaccinations, de prévention des maladies parasitaires (bilharziose), et la délivrance de moustiquaires (arrêtée depuis deux ans, par manque de moyens publics).

4. Le groupe
Cette année, notre groupe était composé d’une infirmière, Annie Jolly, d’une manipulatrice en radiothérapie, Lucie Jubin, d’une assistante dentaire, Nathalie Faugeras, d’un chirurgien-dentiste, Dominique Jagu, et des deux médecins fondateurs de SAHAMBALA 28, Jean Tibout et Pierre Fournier.
A ce groupe s’est joint, comme tous les ans, un chirurgien-dentiste malgache de Tamatave, Célestin.
Il s’agissait, pour Lucie et Nathalie, de leur première expérience humanitaire.

5. Les médicaments
Pièce maîtresse dans notre rôle de dispensation des soins, l’approvisionnement en médicaments a été largement freiné par la loi (ridicule…) sur les médicaments non utilisés entrée en application en janvier 2009.
Cette loi, censée protéger les populations des pays défavorisés, et s’appuyant sur des rapports de l’Organisation Mondiale de la Santé et de la Direction Générale des Affaires Sociales, est un véritable salmigondis technocratique où les professionnels de santé sont mis au même niveau que des humanitaires sans aucune connaissance médicale ! Il serait temps que l’on cesse de légiférer pour tout et pour rien, et qu’encore une fois, la grande majorité ne soit pas pénalisée par les déviances d’une très petite minorité !
Nous avons cependant pu emmener avec nous des échantillons médicaux recueillis auprès de nos partenaires de l’industrie pharmaceutique, mais hélas, en quantité insuffisante pour notre exercice.

6. Les consultations


Les médecins ont assuré pratiquement 600 consultations et urgences en 9 jours.
La traduction était assurée par le personnel du dispensaire. Notre vocabulaire médical malgache s’étoffe au fil des ans, et nous pouvons poser quelques questions simples qui facilitent nos consultations.
Les dentistes ont extrait 1500 dents.
Les infirmières, Annie et Lucie, ont pratiqué de nombreux actes de soins cutanés, de perfusion et nous ont efficacement assistés lors de nos consultations.

7. Les pathologies
Nous avons été confrontés cette année à deux épidémies particulièrement sévères :
• Le paludisme
• Et la dengue.
Le travail immense qui en a découlé nous a empêché de mettre en œuvre notre désir de rencontrer le médecin régional responsable du programme SIDA, et les matrones des villages avoisinants, pour mettre en place un protocole « surveillance de fièvre » qui alerterait et éviterait les consultations trop tardives d’enfants présentant un neuropaludisme rapidement mortel.

Le paludisme a représenté plus de 10% de nos consultations.
Nous avons été confrontés à 2 cas de neuropaludisme mortel chez des enfants en bas âge.
La dengue a représenté la seconde épidémie importante lors de notre mission, plutôt présente la deuxième semaine.
Enfin, de nombreuses parasitoses, et notamment la bilharziose intestinale à Schistosoma Mansoni, récurrente à Marotsiriry du fait des conditions d’hygiène déficitaires et de la présence du mollusque hôte intermédiaire dans le fleuve Mangoro, ont été diagnostiquées, et confirmées par l’examen microscopique.
Parallèlement, nous avons rencontré des pathologies à des stades avancés (tumeurs abdominales, insuffisances cardiaque ou hépatique, cataractes, anémies profondes), les classiques affections tropicales (dermatoses diverses, infections sexuellement transmissibles), ainsi que des pathologies plus habituelles pour notre pratique occidentale (asthme, épilepsie, hypertension artérielle, infections respiratoires aiguës, traumatologie…).

8. La formation du personnel
Les consultations ont été le moment privilégié pour la formation du personnel au diagnostic et à la thérapeutique adéquate. Mais elles ont également enrichi notre connaissance par la compétence du personnel soignant, notamment lors des diagnostics microscopiques.

 

Nous avons été agréablement surpris de constater que la règle du lavage des mains des patients avant la consultation était appliquée dès notre arrivée (bassines d’eau et savon à disposition à l’entrée du dispensaire). Qu’elle se pérennise et nous aurons gravi une (petite) marche vers l’hygiène…

9. La pharmacie
De nombreux médicaments nous ont fait défaut.
La pharmacie était peu garnie lors de notre arrivée, et les échantillons médicaux que nous avions apportés ont à peine suffi à notre exercice.
Encore une fois, l’absence d’approvisionnement, que nous effectuions régulièrement avant le 1er janvier 2009 a causé un préjudice indéniable à la dispensation des médicaments lors de nos consultations.
Souhaitons qu’à l’avenir nous puissions œuvrer différemment en nous procurant gratuitement les échantillons médicaux auprès de l’industrie pharmaceutique, et non pas en demandant des subventions publiques pour les acheter à des coopératives comme le préconisent nos chers technocrates !

10. Les objectifs de soins
Plusieurs objectifs de soins nous sont apparus, favorisés par la répétition de nos missions.
• La connaissance plus nette des « correspondants » spécialistes pour des pathologies lourdes (chirurgie, cardiologie, radiologie…) . La visite de l’hôpital rural de Mahanoro nous a confirmé l’absence de structure sanitaire spécialisée près de notre dispensaire. Les patients doivent donc être transférés vers l’hôpital de Vatomandry (100 kilomètres) ou vers le centre hospitalier universitaire de Tamatave (300 kilomètres).Ces transferts représentent un véritable écueil financier pour la majorité des patients (frais de transport, d’hospitalisation et d’hébergement). Quant aux qualifications des médecins intervenant dans ces structures, notamment à Vatomandry, elles nous sont inconnues.
• La possibilité de tests de diagnostics plus élaborés
Certaines pathologies ont attiré notre attention, et auraient mérité des outils diagnostics plus élaborés (tumeurs, suspicion de VIH…). Il pourrait être intéressant de disposer de tests SIDA, de pouvoir pratiquer des actes biologiques plus élaborés, d’affiner nos diagnostics avec un échographe portable…Ceci, bien sur, dans l’hypothèse d’une prise en charge ultérieure efficace…

11. Les objectifs de santé publique
• Les épidémies de paludisme et de dengue ont mis en évidence le rôle majeur de…l’absence de moustiquaires ! En effet, la faillite financière actuelle empêche la dispensation gratuite, depuis deux ans, de moustiquaires dans les villages, par l’intermédiaire des CSB 1.
Cette mesure préventive est absolument nécessaire dans la prévention des affections transmises par les moustiques.
Nous ne pouvons pallier la carence publique mais nous réfléchissons aux moyens possibles pour fournir les villages avoisinants en moustiquaires.
• La parasitose intestinale est à l’état endémique à Marotsiriry. La bilharziose a représenté près de 10% de nos consultations, et l’on sait qu’elle est responsable d’anémie et de troubles nutritionnels notamment chez l’enfant. Ces parasitoses sont l’apanage du manque d’hygiène et du péril fécal.
Inculquer des notions élémentaires d’hygiène et de lavage des mains, de recueil d’eau propre et de son utilisation pour la toilette, la boisson et la vaisselle permettrait de limiter ces pathologies.
Installer des latrines dans les villages à l’écart des cases, des eaux stagnantes et des cultures parait indispensable. Encore faut-il surmonter les réticences culturelles….
• Enfin, l’existence d’infections sexuellement transmissibles nous incite à proposer le préservatif mais son utilisation, déjà problématique en Occident, parait pour l’instant illusoire à Madagascar !...



Cette mission médicale reste très positive, malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrons.
Elle est cependant insuffisante, malgré l’amélioration constante de nos compétences par l’expérience.
Elle nous oblige à réfléchir à la pérennité de nos actions, et à les inclure dans une assistance sanitaire ciblée et efficace.


                                                                                          
                                                                                           Dr Tibout Jean
                                                                                           Dr Fournier Pierre
                                                                                           Juin 2009